Psychologue clinicienne et interculturelle depuis onze ans, j'ai arpenté divers univers professionnels et culturels en travaillant au plus près de personnes très éloignées de toute prise en charge psychologique et pour lesquelles la question du trauma sous toutes ses formes revenait sans cesse : les femmes migrantes victimes de violences à la Réunion; le traumatisme de guerre des familles palestiniennes en Cisjordanie; les patients polytoxicomanes en errance en Martinique et depuis deux ans les détenus suspectés de radicalisation ou revenant de Syrie dans les prisons du Sud-Ouest.

Au fil du temps j'ai affiné ma clinique suivant des formations en victimologie, addictologie etc. jusqu'à développer une approche de plus en plus intégrative et holistique du sujet en souffrance que je considère dans toutes les sphères de sa vie et de son être.

C'est dans cette perspective, que je tente aujourd'hui dans mes suivis en prison de proposer des entretiens centrés notamment sur la méditation de pleine conscience afin de favoriser le désengagement de la violence par des outils de gestion du stress et des émotions qui ont fait leur preuve. A travers ma pratique, il s'agit pour moi de lutter contre l'instrumentalisation du psychologue comme simple outil d'évaluation du potentiel de dangerosité ou de vulnérabilité du détenu en permettant une vraie prise en charge de la personne. En effet, restaurer la singularité de ces détenus et leur ouvrir un espace d'écoute et de parole adapté à leurs besoins me semble être la meilleure façon de prévenir la radicalisation telle qu'elle soit et de freiner la stigmatisation et la marginalisation souvent à l’œuvre au sein de l'institution carcérale.